pour le 25 Mars 2019
Meilleur sommelier du monde : Marc Almert offre le titre à l’Allemagne
Le nouveau Meilleur Sommelier du monde est allemand. A l’issue d’une finale sous haute tension, Marc Almert, jeune professionnel de 27 ans seulement, a décroché le titre mondial.
C’était une finale sous haute pression, opposant trois candidats de haut vol, dont deux extrêmement jeunes : 26 ans pour Nina Jensen, candidate du Danemark, 27 ans pour Marc Almert, candidat de l’Allemagne. Face à eux, l’expérience de Raimonds Tomsons, 38 ans, meilleur Sommelier d’Europe en titre. A l’issue d’une série d’épreuves extrêmement relevées et non exemptes de surprises, c’est Marc Almert (restaurant Baur au Lac, Zurich) qui a été désigné Meilleur Sommelier du monde 2019, offrant pour la seconde fois le titre mondial à son pays après Markus del Monego en 1998. Il devient par la même occasion, sans doute l’un des plus jeunes candidats à se hisser ainsi au sommet de la sommellerie internationale.
Nina Jensen finit deuxième du concours, Raimonds Tomsons troisième. Après Véronique Rivest en 2013, c’est la deuxième fois qu’une femme se place sur la deuxième marche du podium. Le prochain Meilleur sommelier du monde sera-t-il une sommelière ? En attendant ce jour, c’est un jeune sommelier allemand, qui a séduit le public par son humour et sa précision, qui détient le titre.
De l’émotion… à la tension
En préambule de cette finale, les moments d’émotion de sont succédé sur la scène du Elisabeth Center d’Anvers : tous les vainqueurs précédents du concours ASI de Meilleur Sommelier du monde depuis Armand Melkonian en 1969 ont été réunis ; tous, sauf un, le regretté Gérard Basset décédé il y a quelques mois, et auquel a été rendu un magnifique hommage en présence de son épouse Nina et de leur fils. Très ému, le président de l’Association Internationale des Sommeliers Andres Rosberga annoncé la création d’un « Gérard Basset Lifetime Achievement Award », qui dès octobre 2019 saluera le parcours d’un sommelier de renom.
Après l’émotion venait les secondes de tension, avec la montée sur scène des 66 candidats de cette édition 2019, rapidement ramenés aux 19 demi-finalistes. Puis, Andres Rosberg a appelé un à un les demi-finalistes qui devaient récupérer leur diplôme – ce qui signifiait qu’ils ne disputeraient pas la finale. Se succédaient alors des exclamations de déception ou de surprise dans le public, en constatant que ni la Roumaine Iulia Scavo, ni le Français Antoine Lehebel (candidat de la Belgique), ni le Français Loïc Avril (Australie), ni la Française Julie Dupouy (Irlande), ni le Français David Biraud, candidat de la France, ne continuaient l’aventure. Pour David Biraud, finaliste de la dernière édition en 2016, cette élimination au stade de la demi-finale constitue forcément une déception ; tout comme l’absence de représentant de la sommellerie française en finale constitue une déception pour tous les supporters tricolores. Ainsi va l’exigence d’un concours dont le niveau devient de plus en plus relevé, à l’image d’une sommellerie internationale de plus en plus compétitive.
Sept ateliers en moins de 45 minutes
Pour les trois finalistes, la finale s’est articulée autour de sept ateliers mettant à l’épreuve leurs qualités de dégustateurs*, leurs talents en service, leur culture du vin et leur aptitude à manier les accords mets et vins. Dans le détail :
– servir trois clients demandant deux verres de sauternes et une bière belge, sachant qu’il n’y avait pas de sauternes mais un autre liquoreux, un vin de Constance sud-africain.
– commenter et identifier un vin rouge à l’aveugle.
– servir huit clients réclamant de décanter à la bougie une bouteille de Vega Sicila Unico, tout en répondant à des questions très détaillées sur cette même cuvée. En 6 minutes.
– reconnaître quatre vins blancs à l’aveugle en trois minutes.
– passer une épreuve d’accords mets et vins autour d’un menu imposé, en proposant les vins adéquats à une table de clients dont une ne veut pas de vin rouge sur la viande.
– associer, en 3 minutes, une liste de 24 vins du monde entier à 8 cépages en plaçant chaque vin sous son cépage dominant.
– identifier 10 boissons à l’aveugle, essentiellement des spiritueux et liqueurs incolores (du gin à la grappa en passant par le pisco), en trois minutes seulement.
Après une courte pause, les trois finalistes revenaient sur scène pour une ultime épreuve en simultané : remplir en 5 minutes et de façon aussi égale que possible, 16 verres de champagne en vidant un magnum, sans revenir en arrière.
C’est en passant par toutes ces épreuves, en gérant la pression de l’enjeu, les regards du public et des caméras, mais aussi quelques imprévus (des soucis de micro pour Nina Jensen qui l’ont amenée à percuter une technicienne et à renverser ses verres) que les trois finalistes ont tous démontré leur très haut niveau. Pas de doute, ils méritaient tous d’être sur la scène cet après-midi, et incarnent l’excellence de la sommellerie. Il fallait pourtant un gagnant. Il s’appelle Marc Almert.
* Le jury a révélé à la fin de la finale l’ensemble des vins dégustés depuis le début de la compétition, confirmant le très haut niveau de difficulté de l’ensemble des épreuves à l’aveugle.